Le Stampe no 661 F-BDNF

Sa jeunesse

Sorti de l’usine SNCAN (Société de Construction Aéronautique du Nord) de Montesson (actuellement dans le département des Yvelines) en mars 1948, le Stampe no 661 sera immatriculé F-BDNF (sans changement depuis). Jamais accidenté, il a toujours été maintenu en état de vol depuis sa sortie d’usine dont il existe une photo. © Collection Salaün, publié dans Les avions Stampe, Réginald Jouhaud, éditions Wimpel, Amsterdam

De 1948 à 1970, il appartient à la DGAC-SFACT et est affecté au SALS (Service de l’aviation légère et sportive), il servira, comme les autres Stampe fabriqués à cette époque, d’avion d’école de début pour de futurs pilotes professionnels et militaires. Il a volé notamment à Carcassonne et à Aulnat (l’actuel aéroport de Clermont-Ferrand).

L’avion des champions de voltige

En 1970 il passe à l’AFVA (Association Française de Voltige Aérienne) puis est acquis en 1975, pour un franc symbolique, par l’aéroclub Brocard, basé à Guyancourt (Yvelines). La politique, en effet, est alors de confier ces avions, qui ont fait leur temps dans les centres nationaux, aux écoles de pilotage bénévoles (bonne idée, non ?). Le président de ce club, dit « des journalistes parlementaires », est Jean Eyquem, alors lui-même journaliste parlementaire, passionné de Stampe et de voltige aérienne. A partir de 1972, devenu entraîneur de l’équipe de France, il en fera la meilleure du monde. Après avoir essayé tous les Stampe de Carcassonne, il choisit le F-BDNF, « parce qu’il vole bien ».

Extrait du fascicule sur l’histoire de l’aéroclub Brocard, (en gras, des noms célèbres de la voltige française) : « En 1971, il [Jean Eyquem] crée le Ceva (Centre d’Entraînement à la Voltige Aérienne). Pour réunir un pool d’avions, l’aéroclub Brocard s’associe avec trois autres clubs de Guyancourt, ceux des IPSA (Infirmières Pilotes Secouristes de l’Air), de Dassault et des Cheminots. Chacun apporte un Stampe, l’avion vedette de la voltige des années 1960 et auquel Jean Eyquem voue une passion sans borne. Celui de Brocard est le BDNF, les IPSA confient leur BFZU et les Cheminots le BMMH. Celui de Dassault ne participera pas à l’aventure, suite à un tonneau mal négocié. Jean Eyquem commence à former de jeunes pilotes. Catherine Maunoury et Brigitte Delasalle ont fait leurs premières boucles sous l’œil du « chef », surnom de Jean Eyquem, adopté par tous. Régis Alajouanine s’entraîne avec eux. Sa femme Pascale refuse de monter dans un avion. Elle a coutume de l’attendre dans la voiture, devant l’aéroclub. En plein hiver, pris de pitié, Hervé Rubin, secrétaire général, lui conseille de se réchauffer dans le club-house et lui vante les plaisirs du pilotage. Son mari en fait autant. Pascale Alajouanine commencera ainsi à apprendre à voler… »

Entre les mains de passionnés

Après la fermeture de l’aérodrome de Guyancourt en 1989 les aéroclubs, dont Brocard, sont déportés à Etampes-Mondésir. Le BDNF n’y échappe pas et y restera 6 ans. Après l’avoir conservé 20 ans, l’aéroclub Brocard le vend en 1995 à Jean Guienne, ancien pilote et instructeur militaire, amoureux des avions qui le transfère à La Baule-Escoublac. Un Stampe, en effet, ne vole bien qu’entre les mains de passionnés.

Malheureusement la maladie oblige Jean Guienne, qui ne se sent plus capable de gérer son avion, à le mettre en vente (« Un Stampe, ça doit voler », disait-il). L’avion est acheté fin 1997 par Hervé Rubin et 4 autres anciens de Brocard, qui ont donc l’immense bonheur de le ramener à Etampes-Mondésir où il arrive le 10 janvier 1998. Les 5 copains retrouvent le NF et vont le conserver 20 ans avec bonheur.

Mais début 2018, Hervé Rubin et Jean Luc Goudet décident de vendre leurs parts. Elles sont rachetées par François de Guiringaud et Luc Gimazane. Et c’est le14 juillet 2018 que Jean Luc et François s’envolent pour Castelsarrasin-Moissac où réside désormais le NF à côté d’une machine unique, entretenue elle aussi par des passionnés : le Breguet XIV F-POST.